Fertilité et descendance
Les traitements des cancers pédiatriques peuvent avoir un effet sur la fonction endocrinienne (la production d’hormones) et la fertilité. Des recherches portent par ailleurs sur les effets des traitements sur les enfants (les descendants) des personnes traitées pour un cancer pédiatrique.
Production des hormones et fertilité
Plusieurs glandes interviennent dans la production des hormones sexuelles et donc agissent sur la fertilité :
– les gonades (ovaires chez la fille et testicules chez le garçon),
– l’hypothalamus et l’hypophyse, situées dans le cerveau, et qui stimulent ou freinent les gonades.
L’insuffisance gonadique (testiculaire ou ovarienne) porte non seulement sur la fertilité mais aussi sur la fonction hormonale globale : absence de puberté, troubles de la féminisation et de la virilisation. Les troubles de la féminisation et de la virilisation peuvent être corrigés par un traitement hormonal donné à vie.
La radiothérapie : Une irradiation englobant l’hypophyse ou l’hypothalamus peut entrainer une insuffisance gonadique, en général définitive. Depuis longtemps, il a été montré que la radiothérapie, quand elle englobe les ovaires ou les testicules, entraine un risque d’insuffisance gonadique définitive. C’est pourquoi les radiothérapeutes essaient au maximum d’éviter d’irradier ces organes pendant les traitements. On procède alors à un déplacement (ou transposition) des ovaires, plus rarement des testicules. Ceci n’est pas possible dans les cas d’une irradiation corporelle totale. La radiothérapie au niveau de l’abdomen, y compris à faible dose, peut entraîner une ménopause (fin de la période de fertilité des femmes) dite précoce (avant 50 ans, qui est la moyenne d’âge à la ménopause dans la population générale).
La chimiothérapie : Après une chimiothérapie, les risques sont principalement liés à une classe de médicaments appelés les alkylants. Ces médicaments sont souvent donnés à forte dose avant une greffe de moelle osseuse ou de cellules souches périphériques (autogreffe ou allogreffe).
– Chez les hommes, les alkylants donnés de façon « conventionnelle » (sans autogreffe) peuvent entraîner des troubles de la fertilité par la diminution du nombre ou de la mobilité des spermatozoïdes (mais pas de la virilité). Néanmoins, la fertilité peut parfois revenir de nombreuses années après la fin des traitements.
– Chez les femmes, les alkylants donnés de façon conventionnelle (sans autogreffe) peuvent souvent entrainer une diminution de la période de fertilité (ménopause précoce). L’arrivée de la ménopause est avancée de 4 ans en moyenne suite à l’administration d’agents alkylants. Les alkylants donnés à forte dose avant autogreffe entrainent un risque d’insuffisance gonadique globale.
L’ovariectomie : si le traitement a comporté l’ablation chirurgicale d’un ovaire, la ménopause est avancée en moyenne de 7 ans, que le traitement ait inclus ou non des alkylants ou de la radiothérapie.
Sources :
Résultats de l’étude FCCSS sur les conséquences endocriniennes des traitements pour la femme, en particulier sur le rôle de la chimiothérapie, de la radiothérapie et de l’ovariectomie.
EN PRATIQUE
Pour confirmer ou infirmer un problème de fertilité, plusieurs examens peuvent être indiqués : un dosage hormonal (par prise de sang), un spermogramme (par analyse du sperme) et éventuellement une échographie pelvienne (uniquement pour les femmes). Votre médecin généraliste ou votre gynécologue vous indiquera les examens appropriés, le lieu où les réaliser. Les résultats de ces examens doivent être lus et interprétés par un médecin qui vous guidera sur les démarches à suivre en cas de détection de troubles de la fertilité.
En cas de risque de ménopause précoce (pour les femmes traitées par radiothérapie au niveau des ovaires ou de l’abdomen ou pour les femmes traitées avec des alkylants), il est recommandé de ne pas trop attendre pour avoir des enfants.
J’ignore les détails des traitements que j’ai reçus enfant ou adolescent, comment faire ?
Vous pouvez contacter le médecin ou le service qui vous a traité(e) dans l’enfance ou l’adolescence pour obtenir une synthèse détaillant les traitements que vous avez reçus et des recommandations personnalisées. En savoir plus
Pour en savoir plus : Lisez la fiche sur les conséquences des traitements sur les hormones de la SFCE (Société Française de Lutte contre les Cancers et Leucémies de l’Enfant et de l’Adolescent)
La santé des enfants
Dans la très grande majorité des cas, les enfants des adultes traités pour un cancer pédiatrique sont en bonne santé.
Les analyses sur le déroulement des grossesses et la santé des enfants des participants de l’étude sont actuellement en cours de réalisation. Les études étrangères publiées à ce jour sont plutôt rassurantes. Globalement, ces études ne montrent pas de dommages sur la descendance des personnes traitées pour un cancer pédiatrique, aussi bien concernant le poids de naissance, la prématurité ou d’autres problèmes de santé pouvant survenir à la naissance. De même, ces études n’ont pas relevé d’augmentation du risque d’anomalies génétiques chez les enfants des patients traités pour un cancer dans l’enfance, ni de problème particulier de malformation.
Cependant, ces études ont montré que les enfants nés de mères ayant reçu une irradiation pelvienne ont parfois un poids de naissance plus petit que la moyenne (source). Un risque plus important de prématurité a également été observé chez les enfants des femmes ayant été irradiées au niveau de l’utérus.
Nous savons aujourd’hui que seulement une minorité des cancers de l’enfant et de l’adolescent sont liés à des facteurs génétiques, qui sont transmis dans la famille, avec par conséquent un risque potentiellement plus élevé de cancer pour la descendance future. Ce risque peut être soupçonné dans le cas de cancers survenus à un âge jeune chez d’autres membres de la famille, à des générations successives. C’est donc l’analyse des antécédents familiaux par un médecin, grâce à la reconstitution de l’arbre généalogique de la famille, qui permet d’évoquer ce risque. Il s’agit d’une situation rare, mais si tel est le cas, le médecin traitant peut vous orienter vers une consultation spécialisée de génétique au cours de laquelle sera discutée de l’opportunité de faire une recherche génétique spécifique.